La Tour du Dragon

Rhys abdiqua. Enfin. Du moins, il y fut contraint. La montée d'Aline Britannia sur le trône, entourée du nouveau Conseil de Danaran, semblait faire une promesse : celle de grands changements à venir. Pour le meilleur, c'est ce que tous espéraient, chacun à sa façon bien à lui : Danaran restait, après tout, une mosaïque de volontés, de desseins, d'aspirations et d'idéologies différentes. Alors, une telle fresque tiendrait-elle réellement ses promesses ? Seul l'avenir le dirait.

En attendant, de réels changements - peut-être plus subtils - s'opéraient, loin du tumulte et de l'effervescence présente de la cité...

Quelque part, sur les berges du lac de Runébène - celui qu'on connaissait jadis comme étant le Lac de Valduis - quelque chose de nouveau était né, quelque chose, désormais, pulsait d'un rythme régulier, comme les battements d'un cœur aussi puissant que tranquille.

Un appel.

Les ensorceleurs - les fameux "intuitifs", tels que les Scribes les surnommaient - étaient les premiers à pouvoir le percevoir, comme un écho lointain qui leur serait adressé ; chant d'un dragon, également musique aux oreilles des bardes capables de tisser. Tous ceux dont les veines recelait l'Héritage de la Race - s'ils pouvaient choisir de l'ignorer - ne pouvaient être sourds à ce bourdonnement résonnant dans leur esprit, ou peut-être au fond d'eux-mêmes.

Enfin, les mages et même certains prêtres étaient capable de ressentir ces vibrations, ondes d'un enchantement propagées par vagues successives, œuvre d'un Tisserand maître de cet art.

En rêves, les images d'une tour en ruines, qui jadis se dressait fièrement vers les cieux, comme un défi aux nuages et aux astres ; la "Tour du Dragon" sont les mots cachés derrière les soupires, les souffles et les murmures de ce sort, cette signature magique. Ceux capables de l'appréhender pourraient bien s'interroger sur ses causes, et surtout, ses raisons...