Journal de Nastassia

J'ai fait un rêve aussi étrange que terrifiant : je me suis réveillée plongée dans un monde de ténèbres ; je n'étais plus dans mon lit. Sous mes pieds : une herbe que je ressentais mais que je ne pouvais pas voir. Je parviens pourtant parfaitement à distinguer ma silhouette, sans aucune source d'éclairage apparent. On aurait dit qu'un sort de lumière me nimbait dans cette obscurité impénétrable.

Soudain, sept étoiles s'allument dans le "ciel", les unes après les autres. C'est à ce moment que je peux l'apercevoir : une tour vertigineuse. Alors que je lève les yeux pour essayer d'en apercevoir la cime, je me retrouve non seulement aux pieds de celle-ci, sans avoir pourtant fait le moindre déplacement, mais je me surprends également à avoir la tête penchée en arrière, tant la tour monte et se perd dans le noir, où seules les sept étoiles brillent.
Lorsque j'entreprends de regarder aux alentours, je peux également voir de l'eau : je suis sur un îlot, au milieu de ce qui ressemble à un lac, sans qu'aucun autre détail ne soit vraiment perceptible.

Puis, une voix de femme derrière moi : "Il nous dévore." J'ai l'impression d'entendre ma propre voix. "Il nous dévore."
En tournant la tête pour apercevoir mon interlocutrice, je tombe face à une tête qui me tourne le dos ; de longs cheveux d'un noir brillant y poussent et m'empêche de voir le visage de la femme. Ce n'est qu'au bout d'un moment que je m'aperçois que cette tête est rattachée à mon propre corps : "Il nous dévore."

C'est alors que sans pouvoir réagir je suis aspirée par la porte de la tour qui me replonge une nouvelle fois dans l'obscurité la plus totale.
"Il nous dévore..."
La voix féminine est toujours à mes côtés. Si l'image d'une deuxième tête a quelque chose de terrifiant, la voix, elle, semble presque rassurante dans cette pénombre.

Mais dans les ombres rôde une autre présence, bien plus horrible : je la ressens de tout mon corps. Soudain, des images frappent mon esprit : de la vermine, des pattes grouillantes, comme une marée tout autour de moi. Ça se rapproche... Puis mille couteaux invisibles qui me lacèrent : la vermine grouillante me submerge, me noie, me mange. Je ressens la scène, j'en suis prisonnière, je me la représente, l'imagine ou l'hallucine, sans pouvoir réagir, sans rien voir de plus que les flashs troubles de ces créatures ...

Je me réveille en sursaut, cette fois-ci bel et bien dans mon lit, en sueur. La Dame venait de m'envoyer un signe.